
Si la marque Royal Enfield ne te dit pas grand chose, c’est que tu ne connais pas grand chose à l’histoire de la moto anglaise d’antan. Mais ne t’inquiètes pas car je vais te consacrer les 3 prochains articles à l’histoire du modèle mythique de la marque : la Bullet.
Certains motards ont pu découvrir la Bullet mise à jour dans sa version Euro 4 ainsi que la marque Royal Enfield lorsque cette dernière a récemment complété sa gamme avec l’arrivée de nouveaux modèles comme le petit trail Himalayan, le café racer Continental GT ou encore tout dernièrement le twin Interceptor 650. Avec une longue carrière derrière elle, la Bullet, reste le modèle phare de la marque.
De 1932 à 1939
On retrouve les premières traces de l’appellation Bullet à partir de 1932. Cette année là, Royal Enfield décida d’étoffer sa gamme en intégrant des modèles Sport à 4 soupapes qui seront appelés Bullet et qui permettront de mettre en exergue le slogan de la marque : Made like a gun, goes like a bullet, traduit littéralement par Fabriqué comme une arme, fonce comme une balle. Tout était dit avec un tel slogan.
La gamme Bullet était donc composée de 3 motorisations : 250 cmc, 350 cmc et 500 cmc. On notera sur ces modèles, 2 choses qui tranchent complètement avec les modèles futurs : le cylindre incliné et le double échappement relevé. Quelle gueule pour l’époque !

La première Bullet 500 de 1932, une vraie sportive à l’anglaise.
Les Bullet’s changeront profondément de style à partir de 1936. Le cylindre incliné et le double échappement en position haute disparaîtront pour laisser place à de nouveaux dessins de carters moteur permettant d’avoir le cylindre totalement à la verticale. Les premiers modèles à afficher cette nouvelle configuration seront les modèles G-350 et J-500. On retrouvera également des variantes typées Sport avec un double échappement relevé et des garde-boues plus légers.

Le design des nouvelles Bullet’s tranche complètement avec le modèle précédent.
En 1937, la gamme se voit encore élargie avec l’arrivée des variantes Deluxe G2-350 et J2-500 comprenant en équipement de base une fourche tubulaire de diamètre supérieure et un réservoir chromé. Cette année là également, Royal Enfield décida de réduire le nombre de soupapes passant alors de 4 à 2 pour des raisons de coûts de production sur l’ensemble des modèles Bullet’s. Cependant, la Deluxe J2-500 pouvait avoir en option une culasse à 4 soupapes et accessoirement, un compteur Smith éclairé.
De 1939 à 1945
1939, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le conflit se transforme en guerre mondiale et le monde vit les heures les plus sombres de son histoire. En plein conflit, la Grande Bretagne décide de prêter main forte à la France. Royal Enfield, au même titre que d’autres constructeurs anglais, participera à l’effort de guerre en fournissant des motos, des vélos, des groupes-électrogènes mais aussi des armes à l’armée anglaise.
Au cas où, et si tu ne le savais pas, à la base Royal Enfield tout comme BSA (Birmingham Small Arms), étaient des fabricants d’armes avant de se lancer dans la conception de vélos et de motos. Ce n’est donc pas une incohérence de remarquer que le logo initial de la marque est un canon et que le logo initial de la marque BSA est composé de 3 fusils.
Royal Enfield développera et fournira donc différents modèles spécifiquement pour l’armée :
- WD / D 250 cc SV (à soupapes latérales)
- WD / C 350 cc SV (à soupapes latérales)
- WD / CO 350 cc OHV (à soupapes en tête)
- WD / G 350 cc OHV (à soupapes en tête)
- WD / L 570 cc SV (à soupapes latérales)
ainsi qu’un autre petit modèle dont on parle encore aujourd’hui lors des commémorations militaires : la Flying Flea. Pour la petite histoire, la Flying Flea (Puce Volante) était un petit modèle 2 temps de 125 cmc conçu pour être … parachuté depuis un avion en vol.

En voilà une prête pour remplir sa mission avec ses sacoches latérales et son feu avant type “black-out” pour éviter de se faire repérer.
Durant la guerre, la priorité de la production s’orientera sur les modèles ci-dessus au dépend des modèles sportifs de la marque. Ces derniers équiperont, entre autre, des unités de la Royal Air Force mais aussi des unités de Dispatch Riders.
Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, les Dispatch Riders étaient des unités de transmission d’informations utilisées pour délivrer des signaux ou des informations entre différentes unités distantes lorsque le contact radio n’était pas établi.

Une unité féminine de Dispatch Riders en rang sur leurs Royal Enfield.
La moto était l’engin idéal pour mener à bien leurs missions car elle était capable de se faufiler rapidement à peu près partout et sur tout type de terrain. A noter que l’armée anglaise avait demandé à ce que les motos des ces unités soient obligatoirement équipées d’une boite de vitesses à rapports relativement courts afin d’être capable de pouvoir traverser des terrains accidentés si nécessaire.
En 1945, le monde essuyait tristement sa Seconde Guerre Mondiale et le conflit se terminait dans un chaos généralisé. Durant les mois qui suivirent la fin de la guerre, l’usine a continué à fabriquer les modèles développés pour l’armée anglaise sans réel changement significatif. Mais Royal Enfield n’avait pas encore dit son dernier mot à propos de la Bullet …
Ecrit par BrG.
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Motor Cycling